conscience vraie

Le HARCÈLEMENT MORAL et la MANIPULATION (suite)

Réflexion sur La PERVERSITÉ du SYSTÈME page 1-2

2 - Le Système et les méthodes de manipulation

Il existe dans notre société tout un arsenal d'armes occultes, de méthodes de manipulation notamment par la désinformation, la suggestion et les pressions, pour protéger les personnes qui ont du pouvoir afin de perpétuer le système tel qu'il est.

Ce Système qui fonctionne pour la maintenance des privilèges au profit des plus nantis, vise à maintenir les personnes moins favorisées à la place qui leur a été désignée et faire en sorte qu'elles subissent, à faire taire ceux qui dénoncent les pratiques occultes et illicites, qui refusent le "jeu" obscur du système.

Le fait de manipuler une personne pour qu'elle reste à une place désignée même si celle-ci implique de supporter une situation inacceptable, se retrouve dans d'autres cas de figure. Notamment, c'est un des objectifs de certaines "thérapies", en particulier les thérapies familiales qui se présentent souvent sous un jour très séducteur, voire racoleurs. Le point commun à ces deux situations est principalement le fait du fonctionnement du groupe. La famille en est un ; c'est le groupe originel. Bien des comportements en son sein sont reproduits dans d'autres groupes, en entreprise et dans la société.

Dans une famille, quand il y a une personne en souffrance, c'est souvent qu'elle subi et concentre en elle-même tous les problèmes, voire les pathologies plus ou moins latentes, des autres membres. C'est une sorte d'exutoire qui est garant d'un équilibre fragile de cette famille. Si cette personne entreprend une démarche pour s'en sortir, les autres membres vont avoir tendance à réagir car ils vont avoir peur d'être "démasqués" et de devoir se remettre en question.

Ces forces vont être d'autant déployées si il y a des secrets de familles et des intérêts à protéger, et si certains membres ont une position socioprofessionnelle confortable, ou simplement des relations.

Lors d'une thérapie familiale, le thérapeute va souvent utiliser ces forces d'opposition au changement, pour engager la victime à accepter plus ou moins la situation en la stigmatisant parfois encore plus. Cela peut aller jusqu'à faire comprendre à la victime qu'elle pourrait être internée. Car il y a dans notre société une certaine politique de santé qui vise à favoriser la satisfaction de la famille, quitte à sous-estimer les agressions et injustices subies par l'un de ces membres. Les problèmes qui pourraient éclater seraient plus compliqués et plus coûteux à traiter pour la société. Cela remettrait en quelque sorte en cause un mode de fonctionnement implicite basé sur l'acceptation. Ce mode de fonctionnement basé sur l'acceptation est maintenu tant dans la famille que dans la société. Donc la personne peut être sacrifiée une deuxième fois, même si on lui concède une petite part de reconnaissance, un "os à rogner", un marché de dupe.

En entreprise, il y a aussi des secrets et des intérêts à protéger ainsi que des pathologies, et l'individu est souvent sacrifié au bénéfice du groupe.

Le sachant, la question se pose de la réelle motivation des médiations qui ont le vent en coupe et de la réelle indépendance des intervenants qui se proposent de défendre les victimes. Il faut également prendre en compte le fait que la victimologie représente un marché en développement où de plus en plus d'intervenants essaient de se placer ; pas tous avec la même légitimité ni la même intégrité. Eux aussi subissent des pressions du système.

Il est donc important pour les victimes d'avoir conscience que des intervenants peuvent être manipulés. MF Hirigoyen site d'ailleurs le fait que :

I- "une victime peut-être victimisée secondairement par ceux-là mêmes qui sont censés l'aider, avocats, médecins, associations" (p. 374) ;

- les médecins du travail subissent parfois "des pressions énormes pour ne pas signaler les faits de harcèlement dans leur rapport annuel". (p. 365) ;

- "Il arrive aussi que le médecin du travail soit lui-même utilisé et manipulé pour médicaliser ou psychiatriser un salarié dérangeant". (P. 368)

Les psychologues et psychiatres ne sont pas non plus indépendant du système. De tous temps il ont été utilisés, à tous les niveaux, et ont été proches des milieux politiques. Ce sont des psychologues et psychiatres qui sont à l'origine de pratiques monstrueuses perpétrées au nom de "la norme", et en complète violation des droits de l'homme. Rappelons nous : l'eugénisme hitlérien, les campagnes de stérilisations forcées pratiquées dans plusieurs pays au XXè siècle suite à des diagnostics d'"infériorité génétique", les "camps de travail psychiatriques" en Afrique du Sud, le génocide de Bosnie et du Kosovo... et plus près de chez nous, les maltraitances et méthodes agressives en hôpitaux psychiatriques.

D'autres abus sont couramment pratiqués dans notre société mais de façon plus diluée, plus insidieuse, plus perverse. La menace de la psychiatrisation reste une arme pour contrôler les situations et les personnes. Je connais personnellement plusieurs cas d'internements sous contrainte et abusifs. Dans ces cas d'internements et mises sous tutelle abusifs, des psychiatres et des magistrats sont corrompus, parfois il s'agissait du médecin du travail. Des associations existent pour aider les personnes qui se trouvent dans cette situation, mais là encore, l'intégrité n'est pas toujours au rendez-vous.

Il ne s'agit pas de diaboliser la psychiatrie, mais de bien avoir conscience à quel point cette discipline touche au pouvoir par excellence puisqu'elle agit directement sur les personnes et leur contrôle, et représente - notamment avec les pratiques corporatistes - une pièce maîtresse sur l'échiquier du pouvoir.

Si l'entreprise est pointée du doigt pour les cas de harcèlement, elle subit en fait toute la perversité du Système dont elle n'est elle-même qu'un élément, un sous-système de notre société. Les relations de pouvoir dans notre société sont bien en amont et au-delà des organisations. Ceci ne diminue cependant en rien la responsabilité des dirigeants d'entreprise et de tous les acteurs qui suivent. Ce climat, qui est le fait de la stratégie, favorise également les égarements individuels.

Mais le fait de désigner si souvent l'entreprise permet de laisser dans l'ombre les responsabilités qui sont à l'origine, et il s'agit là d'une question politique au sens large du terme.

C'est également pour des questions stratégiques, politiques, que les pratiques du domaine de la psychologie et de la psychiatrie manquent à ce point de transparence. Organiser le flou permet de garder une marche de manœuvre plus importante. Ce flou, et cette désinformation, se retrouvent tant au niveau de la description de maladies mentales comme la paranoïa (définitions pouvant être parfois franchement fantaisistes), que pour les diagnostics et les méthodes curatives ; le pire étant probablement au niveau de la recherche.

Comme le fait remarquer JP Lecanuet (Directeur de Recherche en psychologie du développement) "...la recherche en psychologie est le plus souvent "hors la loi".

(voir la page sur le consentement différé).

Des actions de recherche sont souvent menées en entreprise, qui est un laboratoire privilégié, notamment pour la recherche en pshycho-sociologie et en sciences cognitives. Le problème est que l'on profite que les personnes sont coincées, puisqu'elles ont besoin de leur emploi, pour les utiliser aux fins d'investigations ; alors que, faire des investigations en utilisant des sujets d'expérience sans leur consentement est illégal, comme le précise le Comité Consultatif National d'Éthique.

Une pratique consiste à mener des expériences sans les nommer comme telles, ce qui permet d'échapper au peu de cadre juridique existant et de pouvoir tout se permettre. Et justement, certains processus de harcèlement mis en œuvre en entreprise font (ou ont fait) l'objet d'investigations, celles-ci permettant d'observer la capacité des gens à se soumettre à l'autorité, autant que les réactions et les effets que cela entraîne. Il n'est donc pas étonnant que ce processus de harcèlement soit de plus en plus performant, la méthode est peaufinée.

L'expérimentation avec ses investigations fait partie de la stratégie pour augmenter toujours plus la capacité de manipulation et le contrôle des personnes et des organisations.

Les psychologues et psychiatres se trouvent donc, comme on l'a vu précédemment, du côté des instigateurs du harcèlement stratégique, et du côté de ceux qui mènent des actions curatives. La boucle est bouclée. Je pense personnellement que cette corporation devrait commencer par faire un peu de ménage chez elle, et pallier à ses égarements de déontologie, avant de se proposer comme apporteur de solutions.

Pour en revenir à la médiation, celle-ci n'est possible que si l'agresseur reconnaît son comportement de harceleur et les pervers narcissiques ne reconnaissent jamais les faits, et retournent toujours habilement les torts contre la victime. En matière de harcèlement stratégique, c'est bien souvent la même chose, puisque la méthode est calquée sur le comportement pathologique du pervers narcissique. A toutes tentatives de faire reconnaître les faits, la réponse est le déni, les manipulations pour étouffer la victime, les menaces implicites ou ouvertes, et notamment celle consistant à lui faire comprendre qu'elle peut être psychiatriser. Il faut bien souligner également à quel point les acteurs sont formés à la rhétorique, que l'on pourrait définir comme l'art d'avoir toujours raison.

Toutes les situations de harcèlement n'ont pas la même complexité et n'entraînent pas toutes la même difficulté au regard des relations de pouvoir, mais il faut être vigilent afin qu'une médiation, ou toute autre action visant à "traiter" le problème, ne soit pas un nouveau piège.

Désigner l'agresseur est difficile puisque souvent le jeux des manipulations placent certaines personnes dans une position d'agresseur, mais aussi dans une certaines mesure, dans la position de victime au regard d'une influence subie à un échelon supérieur. Cependant ce constat ne doit en rien servir à la déresponsabilisation des personnes ayant fait le jeu d'un processus de harcèlement, ni permettre que le ou les instigateurs à l'origine de ce processus restent masqués.

Nous savons en effet que la multiplication des intermédiaires sert à protéger l'instigateur aussi bien qu'à déresponsabiliser les intermédiaires, ce qui permet d'obtenir leur complicité (cf. l'expérience de Stanley Milgram sur la Soumission à l'Autorité). Tant que tout ne sera pas mis en œuvre pour mettre à jour la proportion de responsabilité de chaque acteur, pour désigner le ou les instigateurs, sanctionner chacun dans la proportion de son action destructrice (et pas seulement au regard des effets sur la victime), le phénomène ne pourra pas vraiment être enrayé.

Un processus de diagnostic devrait donc être mis en place clairement et doit être formalisé et contrôlé afin de limiter les risques de détournement. Même si chaque cas est différent, il y a assez de points communs aux situations pour pouvoir le faire en toute transparence et avec la traçabilité qui s'impose.

Si le regard que je porte sur l'analyse de Marie-France Hirigoyen est critique, il n'en demeure pas moins que je pense que son travail est d'une grande qualité, puisqu'elle cerne de nombreux aspects du problème et fait tomber un bon nombre de non-dits (les notes ici présentes ne sont évidemment pas exhaustives). Cependant certaines problématiques sont "ignorées".

Je la rejoins parfaitement quand elle affirme : (p. 436)

"Il nous faut ouvrir les yeux et dénoncer les abus de pouvoir, la discrimination et le harcèlement sous toutes leurs formes".

Copyright © Josselyne Abadie
conscience-vraie.info

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Pour la compréhension de ce sujet, voir aussi :

Les synthèses de livre et réflexions :

- Sur la relation de l'individu à l'autorité : La soumission à l'autorité (S. Milgram)

- Sur la manipulation dans les organisations : L'acteur et le système (M. Crozier)

- Sur la manipulation par les professionnels de la psychiatrie : Folies à plusieurs (M. Borch-Jaccobsen) >>>

et : - Sur les techniques de manipulation coercitive : L'article du docteur Singer Pour les autres sources d'information : voir la page liens et bibliographie >>>

Liens externes

Expérience de Rosenhan : L'expérience de Rosenhan est une expérience sur la validité du diagnostic psychiatrique, menée par le psychologue David Rosenhan en 1973. Son étude a été publiée dans le Science magazine sous le titre « On Being Sane in Insane Places » (« Un individu sain dans des lieux qui ne le sont pas »).http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Rosenhan

Marie-France Hirigoyen :

1- Le Harcèlement moral dans la vie professionnelle / Démêler le vrai du faux - Ed. La découverte et Syros 2001

2- Le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien - Ed. La découverte et Syros 1998

Le site officiel de Marie-France Hirigoyen >>>

Dossier harcèlement et manipulation :

HARCÈLEMENT MORAL - Notes de lecture et remarques sur le livre de Marie-France Hirigoyen

Réflexions sur la perversité du système, la médiation et ses risques

page créée le 23 décembre 2002 republiée le : 09 juin 2011

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Raccourcis documentation :
Conscience et Ethique - Droits de l'homme - Edgar Morin : Ethique et Bibliographie - Michel Crozier : l'Acteur et le Système - Stanley Milgram : Soumission à l'Autorité - Obedience to Authority, Stanley Milgram - Manipulation Mentale - Harcèlement Moral et/ou harcèlement Sexuel - La stratégie du choc - Réseaux et/de pouvoir - Stratégie - Cinéma, Films, vidéos -

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